Le
phénomène de l’adolescent présentant des comportements agressifs constitue un
défi difficile pour les parents et les professionnels. En effet, de tels
enfants sont caractérisés par un côté extrêmement batailleur, des explosions de
colère, des menaces constantes et de la violence physique. Le commun
dénominateur de ces comportements se résume dans l’attitude centrale chez
l’enfant violent :
« Je suis le chef ».
Les parents apprennent que différentes
manières de gérer leur enfant (même celles que leur suggèrent des
professionnels) sont inefficaces. Leur expérience montre que s’ils essayent
réagir par des réprimandes, des cris, des menaces et des punitions, non
seulement le jeune leur répondra de même, mais il risque même de se comporter
de manière pire qu’avant.
D’un autre côté, si les parents se soumettent aux
attentes de l’enfant, elles tendent à devenir de plus en plus excessives. À ce
stade, le foyer qui est censé être un abri sécurisant pour la famille devient
un sinistre champ de bataille où les parents et l’enfant sont des acteurs
prisonniers d’un combat sans fin. Si cette situation perdure, les parents
s’épuiseront et seront prêts à se retirer.
Il n’est pas surprenant qu’ils optent
pour la soumission afin d’obtenir la paix et le calme. Cependant, l’expérience
nous a appris que cette trêve est de courte durée. Bientôt il apparaît que la
soumission conduit à des demandes encore plus exigeantes. Ce processus se
perpétue, se renforce et s’accélère de lui-même. Les parents se voient comme
n’ayant aucune échappatoire et, en dépit de leurs efforts, ils deviennent
impliqués dans un cercle vicieux de soumission ? exigences accrues de
l’enfant ? éveil de l’hostilité parentale ? Intensification des représailles de
l’enfant ? à l’infini. Dans un tel climat, la violence dicte presque
toutes les attitudes de l’enfant et des parents.
On peut discerner deux types
d’escalade :
1.
L’escalade réciproque (où l’hostilité
engendre l’hostilité)
2.
L’escalade complémentaire (où la
soumission des parents accroît les exigences de l’enfant).
Lorsque le comportement de l’adolescent
entre en escalade (par exemple, lorsqu’il menace, crie, fait des crises de
colères ou se débat parce qu’il ne reçoit pas ce qu’il veut), les parents
agissent généralement en capitulant ou en essayant d’imposer de force leur
autorité. Malheureusement, ces deux types d’attitude incitent le jeune à
continuer l’escalade.
L’escalade réciproque apparaît lorsque
le parent tente d’imposer son autorité par la force ou quand il réagit aux
manifestations violentes de l’adolescent de la même manière (en menaçant,
jurant, criant, imposant des punitions dures, ou en frappant). Le jeune, à son
tour, réagit à l’attitude des parents par un comportement encore plus agressif.
Le second type d’escalade est asymétrique et apparaît quand le parent capitule
devant l’enfant, transmettant ainsi le message qu’il est faible et incapable de
gérer ses explosions. L’adolescent développe dès lors la certitude qu’il peut
obtenir ce qu’il désire par des menaces et de la violence.
Malheureusement, ces deux types
d’escalades s’alimentent l’un l’autre : plus le parent se soumet, plus il
devient frustré, exaspéré et plus près de s’emporter violemment. Quand les
explosions réciproques augmentent en violence, elles deviennent de plus en plus
effrayantes jusqu’à ce que le parent en arrive à être prêt à se soumettre. Dans
une telle atmosphère d’escalade constante, il n’est pas étonnant que les
parents soient de moins en moins capables d’exprimer ou même de ressentir de
l’affection pour leur enfant.
Résistance non-violente
La résistance non-violente est un outil
qui va permettre aux parents d’arrêter le comportement destructeur de leur
enfant sans créer d’escalade. Elle induit à la maison une ambiance qui favorise
l’expression de la proximité et de l’affection.
Nous définissons la résistance
non-violente comme une série d’actions qui colportent le message
« Je ne suis plus prêt à continuer ainsi et je vais tout faire pour
changer cette situation, excepté t’attaquer physiquement ou verbalement. »
La résistance non-violente se
caractérise par les principes suivants :
1. Une position ferme face à des
exigences importantes et la volonté d’agir avec détermination pour éviter les
attitudes destructrices de l’enfant.
2. L’évitement total de tout recours à
la violence physique ou verbale tels les coups, les jurons, les menaces ou les
accusations.
La résistance non-violente donne aux
parents une assise morale et pratique pour affirmer leur présence et surveiller
les actes de leur enfant ; elle affaiblit l’escalade et même l’empêche.
Nous insistons ici sur le fait important
que l’objectif de l’action non-violente est de restaurer et rétablir la présence
des parents. Nous considérons qu’une ferme présence parentale est le
meilleur moyen pour construire une bonne relation avec vos enfants. L’autorité
parentale que nous recherchons n’est pas basée sur une plus grande force
physique du parent par rapport au jeune, mais sur sa détermination à être de
son côté et à ses côtés. Plus vous montrez votre présence parentale, plus
grandes sont les chances que votre enfant abandonne les configurations
destructives et qu’un dialogue s’instaure à nouveau entre vous.
Les principes de non-provocation et de réaction
différée
Afin d’empêcher l’escalade et pour créer
une nouvelle relation qui ne se fonde plus sur des luttes de pouvoir sans fin,
vous devriez éviter d’entrer dans les confrontations inutiles. Cependant, comme
l’enfant a appris à imposer sa volonté à l’aide de menaces et de violence, il
essayera de vous entraîner dans les confrontations. Ceci découle simplement du
fait que l’adolescent violent « profite » de la confrontation, et pas
seulement lorsqu’il « gagne ». Réussir à vous faire perdre le
contrôle constitue pour lui une justification à la poursuite de son
comportement agressif. Son attitude ne provient pas du fait qu’il serait
« mauvais » ou « dérangé mentalement », mais est liée
aux habitudes d’escalade qu’il a développées – ce qui signifie que
s’il n’obtient pas ce qu’il veut, son comportement escaladera.
On peut supposer que vous aussi, vous
êtes habitués à escalader. Vous êtes également « soupe au lait », ce
qui ne vous permet pas de rester calme dans une situation conflictuelle et vous
conduit à perdre le contrôle. Les parents fréquemment provoqués dans des
confrontations avec leur progéniture, tendent à parler beaucoup trop pour
convaincre, moraliser, se disputer, crier ou menacer. Toutes ces formes
de bavardage et d’ergotage constituent une provocation et mènent à
l’escalade !
En voici un scénario typique :
- Tu ne sortiras pas !
- Si, je le ferai !
- J’ai dit que tu ne sortiras
pas !
- Tu n’as pas à me dire ce que je
dois faire !
- Tant que tu vivras dans cette
maison, tu te conduiras selon nos règles !
- Je ne t’ai rien demandé (l’enfant
claque la porte de toute ses forces) !
Finalement, le jeune a fait ce qu’il
voulait, et vous restez là, à bout et furieux. Le conflit entre vous a
seulement empiré.
Souvent, vos tentatives d’expliquer,
convaincre, moraliser et argumenter résultent en ce que votre enfant affiche du
mépris pour ce que vous avez dit, ne vous répond pas ou ignore totalement votre
existence. Plus vous parlez, plus impuissant vous vous sentez. Pour cette
raison, rappelez-vous que :25
Parler trop conduit à l’escalade et
résulte en impuissance. Une interdiction claire et nette vaut mieux que des
explications et que des paroles moralisantes ou destinées à convaincre. Des
menaces (« Si…, alors ! ») conduisent à des contre-menaces de la
part de l’adolescent.
Dès lors, n’oubliez pas ce qui
suit : ne provoquez pas, n’argumentez pas, ne criez pas, ne moralisez pas
et ne menacez pas.
Le principe de la non
provocation s’accompagne de celui de la réaction
différée :l’idée que vous devez réagir immédiatement à toute
déclaration, revendication, plainte, accusation ou provocation de la part du
jeune est fondamentalement fausse. Vous devriez avoir recours à une réaction
différée.
Pour cela :
Prenez du temps et préparez votre
réponse.
Si vous avez un doute, il vaut mieux
garder votre calme et ne pas réagir.
Le silence vous donne du temps et permet
à vos enfants de « perdre des munitions ».
Le silence n’est pas la soumission. Si
vous le souhaitez, vous pouvez le faire précéder de quelques mots comme :
« Je n’aime pas ça et je vais y réfléchir ». Cette déclaration
devrait être proférée sans aucune allusion menaçante mais comme l’établissement
d’un fait. Lorsque vous aurez fait cela plusieurs fois, l’enfant comprendra que
votre silence ne signifie pas que le sujet est clôturé. Le silence sans
soumission est plus efficace que n’importe quel sermon ou argument. Vous avez
tort de penser que votre silence sera interprété comme un signe de faiblesse ou
que votre enfant l’exploitera. Le silence rendra clair le fait que vous n’allez
plus coopérer à ses invitations au conflit. Vous devriez commencer à vous
adresser au jeune dans un autre langage qui ne serait plus celui de la
moralisation ou de l’assujettissement. Soulignons que le silence
constructif n’est pas une séparation. Votre présence parentale ne
sera pas réduite par lui ; elle deviendra même plus forte. Vous vous montrez
vous-même, l’enfant ne peut vous provoquer dans une confrontation et vous
maintenez votre position indépendante de parent.
Les principes de non-provocation et de
réaction différée devraient vous guider dans les
contextes d’escalade où vous pourriez vous trouver avec votre enfant. Dans les
situations difficiles, répétez-vous calmement : « Ne te
laisse pas provoquer, ne te laisse pas provoquer, ne te laisse pas
provoquer ! »
La position émotionnelle exprimée par
ces deux principes est défensive. Dans cette position, vous permettez
aux attaques de l’adolescent de se dissiper d’elles-mêmes. La position
défensive vous apporte une réponse à deux états émotionnels pénibles qui vous
conduisent à la soumission ou à l’escalade, c’est-à-dire au désespoir et à la
colère. Le désespoir peut amener le parent à préférer « s’acheter
la paix et le calme » par la soumission. La colère l’entraîne à tenter de
répondre à l’enfant sur le même ton. La position défensive aide le parent à
maintenir une résistance non-violente et à éviter à la fois la soumission et
l’escalade.
La grève par occupation (sit-in)
L’un des actes le plus fort de
résistance non-violente qu’un parent peut poser est le sit-in. Il
permet de démontrer une présence parentale sans être entraîné dans la
provocation. Il s’agit d’une manifestation silencieuse de présence qui exprime
une position ferme. Le sit-in a comme objectif de communiquer à l’enfant votre
décision nette de ne plus tolérer ses actes destructeurs et sa violence.
Comment mettre en place le sit-in ?
Entrez, au moment qui vous convient,
dans la chambre de l’adolescent lorsqu’il s’y trouve. Ne le faites pas
immédiatement après qu’un événement violent se soit passé à la maison, mais
quelques heures ou même un jour plus tard (« Battez le fer quand il est
dejà froid ! »), quand vous êtes calme et avez suffisamment de temps
devant vous. Il est très important que vous ne soyez pas pressés par le temps
et obligés de partir au milieu de cette action pour vous occuper d’autres
affaires. Fermez la porte derrière vous et asseyez-vous (sur une chaise, par
terre ou sur une carpette) de manière à rendre difficile l’accès à la sortie de
la pièce. Après vous être installés, dites-lui : « Nous ne sommes pas
prêts à continuer à tolérer ce comportement : (Ici, vous décrivez de
manière spécifique le comportement inacceptable pour vous et en donnez quelques
exemples). Nous sommes venus pour trouver un moyen de résoudre le problème.
Nous allons rester assis ici et attendre tes suggestions pour stopper ce
comportement. » Ensuite, vous vous asseyez calmement et attendez les
suggestions de l’enfant. Il faudra les écouter et les soupeser. Si l’adolescent
répond par des accusations (« C’est la faute de mon
frère ! »), des exigences (« Si vous m’achetez
une télévision, j’arrêterai ! »), ou des menaces (« Alors
je vais m’enfuir de la maison ! »), ne vous laissez pas provoqués
dans une confrontation ! Dites lui que vous ne pouvez accepter sa
suggestion et rester calmement assis.
Éviter de prononcer la moindre
accusation, leçon, menace, ou d’entrer dans une dispute. Attendez calmement et
patiemment, et ne vous laissez pas inciter à un règlement de compte sous forme
de bagarre verbale ou physique. Le temps et le silence communiquent le
message d’une présence parentale déterminée.
Si l’enfant fait une suggestion positive
(même si elle est insignifiante), posez lui plusieurs questions de
clarification, et ensuite, quittez calmement sa chambre, en déclarant de
manière positive que vous donnez une chance à sa suggestion. Ne le menacer pas
de revenir vous asseoir dans sa chambre au cas où il ne la respecterait pas. Si
le jeune a déjà fait la même suggestion lors d’un sit-in précédent, répondez
lui : « Tu as déjà fait cette suggestion et elle n’a rien donné.
Maintenant, nous avons besoin de quelque chose qui fonctionnera
mieux ! » S’il ne suggère rien du tout, restez dans la pièce pendant
une heure et ensuite, partez sans proférer de menace ou d’avertissement d’un
retour de votre part. Lorsque vous vous en allez, vous pouvez dire :
« Nous n’avons pas encore trouvé de solution. »
Quelques points importants à ne pas
oublier :
1. Les parents doivent planifier à
l’avance le meilleur moment pour occuper la chambre.
2. Le comportement indésirable doit être
défini avec précision.
3. Donner un message général
comme : « Nous insistons pour que tu te comportes bien » n’est
pas une bonne idée. Vous avez à indiquer de manière spécifique ce que vous
attendez comme, par exemple : « Nous insistons pour que tu
arrêtes de nous insulter et d’avoir des gestes grossiers envers nous. »
4. Si les parents anticipent que
l’enfant va réagir par de la violence physique, il est utile d’avoir quelqu’un
d’autre à la maison (un ami ou un membre de la famille), mais pas dans la
chambre-même. Après l’introduction mentionnée plus haut, il faudrait dire à
l’enfant : « Puisque nous craignons que tu deviennes violent, nous
avons invité X pour qu’il serve de témoin. »
5. Si l’enfant se conduit violemment en
dépit de la présence du témoin hors de sa chambre, vous devriez demander à ce
dernier d’entrer dans la pièce. Notre expérience avec des dizaines de cas
montre que la présence d’un tiers arrête presque entièrement la violence.
6. Après la fin du sit-in, il vaut mieux
reprendre la routine familiale sans l’évoquer ni parler de ses résultats.
Votre enfant ne sera pas content de
votre entrée dans sa chambre car il s’agit là d’un envahissement de son espace
personnel. Nous allons énumérer un certain nombre de réactions qu’il pourrait
avoir vis-à-vis d’un sit-in et les manières d’y répondre :
·
Tentative de vous
chasser. L’enfant va essayer de vous faire
quitter sa chambre, en hurlant par exemple : « Dehors, je ne vous
supporte pas ». La réponse idéale à une telle attitude est votre silence.
Ne pensez pas que rester silencieux dans cette situation indique une faiblesse
de l’attitude parental. Rappelez-vous : vous avez initié le sit-in et
maintenant, vous construisez les règles ! Dans cette situation,
se laisser entraîner dans une dispute signifierait que vous avez perdu
l’initiative et avez commencé à répondre aux provocations. L’enfant va
peut-être tenter de vous chasser par la violence physique ou en lançant des
objets. Dans ce cas, protégez-vous sans l’attaquer en retour. Rappelez-vous que
chaque fois que vous craignez de la violence physique, il est utile d’inviter
un tiers à être présent lors du sit-in. Si la violence physique de l’adolescent
ne peut être contrôlé sans exercer une force, arrêtez le sit-in en sachant que
vous pouvez revenir et le reprendre quand vous le déciderez et en présence de
témoins. Il est extrêmement important que vous soyez capable d’arrêter une
action qui présente des risques d’escalade trop élevés. Appuyez-vous sur votre
jugement. Rappelez-vous : ceci n’est pas un signe de
soumission ! Ce n’est rien d’autre qu’une retraite pour vous permettre de
déployer vos forces !
·
Stipuler des
conditions aux parents. L’enfant pourrait
aussi tenter d’arrêter le sit-in en stipulant des conditions comme :
« Je ferai ce que vous voulez si vous m’achetez ceci et cela. » Dans
ce cas, vous aurez à répondre patiemment que vous ne pouvez accepter cette
suggestion ; revenez au silence immédiatement après avoir donné cette
réponse.
·
L’enfant ignore les
parents. Par ce type de réaction, il tente de
vous montrer que l’action n’a aucun effet sur lui. Il peut se tourner vers la
télévision (ou son installation stéréo), ou commencer à jouer sur son
ordinateur. Dans ce cas, éteignez le matériel une seule fois seulement. Si
l’enfant le rallume, ne le provoquez pas, mais attendez jusqu’à la fin du
sit-in. La fois suivante, avant d’entrer dans sa chambre, coupez l’électricité
qui alimente ce matériel, ou ôtez la souris de l’ordinateur. Une autre façon
dont il peut ignorer ses parents, est de se coucher et de faire semblant de
dormir. Ici aussi, il ne faut pas réagir mais poursuivre le sit-in. Le temps
s’écoule très lentement lorsqu’un enfant fait semblant de dormir ! Même
s’il s’endort vraiment, le sit-in doit continuer comme d’habitude. Le fait
qu’il s’endorme alors que vous êtes dans la pièce, peut être le signe d’un
changement dans la relation.
·
Crier et tenter
d’embarrasser les parents. Le but de cette
réaction est d’appeler les voisins ou d’autres personnes pour qu’ils
interviennent et cessent le sit-in. Si vous prévoyez ce type de comportement et
êtes nerveux quant à ses résultats, prévenez les voisins à l’avance sur ce qui
va se passer et expliquez leur vos intentions. Vous pouvez même donner à vos
voisins une copie de cette brochure.
·
Tentative de faire
parler un parent. L’enfant peut essayer de vous faire
revenir à votre rôle familier où vous parliez sans arrêt et où il vous
ignorait, par exemple en répétant encore et toujours : « Je ne comprends
pas ce que tu veux ! ». Si vous tenter de vous expliquer au-delà de
la brève déclaration initiale, vous dépensez votre salive pour rien.
·
Suggestion positive de
la part de votre enfant. Dans ce cas, vous
devez lui demander d’expliquer en détail sa suggestion. Il est important ici
d’être concret. Une suggestion comme « Je vais être un bon garçon »
demande plus de clarification. Si l’enfant formule une suggestion qui peut être
mise en pratique, quittez la pièce et cessez le sit-in. Vous n’avez pas à craindre
que l’enfant essaye de vous « rouler » puisque de toute façon, s’il
ne modifie pas son comportement problématique, vous reviendrez dans sa chambre
pour y faire un nouveau sit-in.
Il est essentiel de savoir que très
souvent, les enfants modifient leur comportement problématique sans
avoir fait aucune suggestion dans leur chambre. Le sit-in est destiné à
changer, en même temps, l’attitude de l’enfant et votre place dans l’espace
familial. Ceci a lieu que l’enfant fasse une suggestion ou pas. S’il veut sauver
son honneur en n’en faisant aucune, mais s’il modifie son comportement, c’est
acceptable. A l’issue du sit-in, l’enfant n’est pas le seul à avoir
changé : vous avez changé aussi car vous avez découvert que vous avez la
capacité d’entrer dans sa chambre, de vous y asseoir durant le temps que vous
avez déterminé, et de ne pas lui permettre de vous jeter dehors ou de vous
provoquer dans une escalade. Vous constatez que vous avez un poids personnel et
parental. Vous existez de nouveau et rétablissez votre présence. Votre place
sur la carte familiale change.
L’objectif du sit-in est de réduire dans
la vie quotidienne le comportement problématique de l’enfant. Le but n’est pas
qu’il agisse correctement au moment même du sit-in. Même s’il vous injurie tout
au long du sit-in, cela ne signifie pas que vos actions sont inefficaces. Ce
qui déterminera la nécessité d’en organiser un autre, c’est l’ampleur du
comportement problématique après le sit-in. Si vous ressentez
une réduction de celle-ci, un autre sit-in ne sera pas nécessaire. Au
contraire, si vous considérez qu’elle s’est maintenue telle qu’elle était,
recommencez et initiez un nouveau sit-in.
Omer Haim, Weinblatt Uri,
« Résistance non violente : guide pour les parents d'adolescents
présentant des comportements violents ou autodestructeurs », Cahiers
critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 1/2005 (no 34)
, p. 77-105













